Intervention à la Tribune sur le débat de la santé mentale chez les jeunes

Lors de son intervention à l’Assemblée nationale, le député Alexandre Allegret-Pilot a dressé un constat sévère mais lucide sur la gestion de la santé mentale en France, en particulier chez les jeunes. Malgré les annonces répétées de trois gouvernements successifs – Gabriel Attal, Michel Barnier, puis François Bayrou – faisant de la santé mentale une « grande cause nationale », les résultats concrets restent dramatiquement insuffisants.

En 2022 déjà, 24 % des lycéens déclaraient avoir eu des pensées suicidaires. Le dispositif « Mon Psy », présenté à l’époque comme une petite révolution, a été massivement boudé par les professionnels : 93 % des psychologues libéraux ont refusé d’y participer. L’élargissement de ce dispositif par Michel Barnier, prévoyant une consultation mensuelle gratuite, n’a pas réglé les problèmes structurels du système. Les centres médico-psychologiques sont aujourd’hui saturés, et les moyens restent dérisoires face à l’ampleur de la crise.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 63 % des jeunes Français se disent régulièrement inquiets pour leur état psychique, un quart de la population a connu un épisode dépressif prolongé, les tentatives de suicide ont doublé chez les 18-24 ans depuis 2017, et la consommation d’antidépresseurs a explosé de 60 % chez les 12-25 ans en quatre ans. Pour le député, ces données traduisent une véritable épidémie silencieuse.

Mais au-delà des symptômes, Alexandre Allegret-Pilot pointe les causes profondes : l’éclatement des structures familiales, la perte de repères collectifs, l’essor d’idéologies victimaires et déconstructrices, et une forme de nihilisme contemporain exprimé notamment dans certaines dérives wokistes. Ces phénomènes alimentent une perte de confiance, un sentiment d’impuissance et une fragilité psychique généralisée.

Face à ce constat, il appelle à une refonte de l’approche politique : définir précisément le périmètre du problème, hiérarchiser les causes, identifier les populations les plus à risque, afin de déployer des solutions ciblées, ambitieuses et durables. Il déplore que la dernière mission d’information parlementaire sur la santé mentale remonte à 2013, et invite à en lancer une nouvelle sans délai.

Enfin, le député regrette le silence du Premier ministre, à qui il a adressé en octobre 2024 une demande d’état des lieux complet sur la situation mentale des jeunes Français. Ce silence interroge la sincérité de l’engagement gouvernemental.

« Pire que la folie, la santé mentale », écrivait William Golding. Alexandre Allegret-Pilot conclut en lançant un appel solennel : que cette cause nationale cesse d’être un simple slogan, et devienne enfin une priorité d’action.

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