Intervention en commission avec Luca de Meo , directeur général du groupe Renault

Lors de son intervention au nom du groupe UDR, le député Alexandre Allégret-Pilot a pris la parole pour interroger les représentants du secteur automobile sur leur rôle stratégique dans les mutations en cours de la filière. Il a commencé par rappeler, sur un ton critique, l’hypocrisie de certains discours politiques : ceux qui découvrent aujourd’hui les destructions d’emplois provoquées par les transformations de l’industrie automobile sont bien souvent les mêmes qui ont été à l’origine de ces mutations. Il a également pointé du doigt la responsabilité de l’État, qui, en versant des subventions sans contreparties, ne peut s’étonner ensuite des logiques d’optimisation adoptées par les acteurs économiques.

Recentrant ensuite son propos sur les enjeux industriels, le député a interrogé le constructeur sur son rôle de donneur d’ordre au sein de la filière. Il a souligné l’importance stratégique de ce positionnement, notamment en ce qui concerne la sécurisation des approvisionnements à moyen terme, mais aussi la redynamisation de l’écosystème industriel français. Pour cela, il a insisté sur la nécessité d’une communication claire à destination des sous-traitants. Ces derniers, souvent dépendants de quelques grands clients, doivent bénéficier d’une visibilité suffisante sur les volumes de commandes, leur évolution et leur nature, afin de pouvoir adapter leurs capacités de production et investir en conséquence. Il a rappelé que ces entreprises disposent de très faibles marges de manœuvre financières, ce qui rend cette visibilité d’autant plus cruciale.

Dans un second temps, Alexandre Allégret-Pilot a abordé ce qu’il a qualifié de cœur du problème : la question de la compétitivité des constructeurs européens. Selon lui, l’essor du véhicule électrique entraîne une remise en cause profonde des avantages comparatifs historiques de l’industrie automobile européenne. Les barrières technologiques liées à la complexité des moteurs thermiques disparaissent progressivement, tout comme certaines normes de sécurité passive qui constituaient jusqu’à présent un atout. À cela s’ajoute un coût de l’énergie devenu difficilement contrôlable, ce qui pèse encore davantage sur la compétitivité du secteur.

Le député a conclu en posant deux questions essentielles : quelle visibilité le constructeur peut-il offrir aux sous-traitants pour leur permettre de s’adapter ou, à défaut, de se réorienter en connaissance de cause ? Et, plus largement, quelle compétitivité peut encore espérer l’industrie automobile européenne dans un contexte où ses anciens atouts s’érodent face à une concurrence internationale de plus en plus agressive ?

 

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