Intervention à la Tribune sur le renforcement de la stabilité économique et de la compétitivité du secteur agroalimentaire

Dans cette intervention, le député Alexandre Allegret-Pilot souligne l’importance stratégique du secteur agroalimentaire pour la souveraineté, l’économie et l’identité françaises. Il reconnaît les intentions positives de la proposition de loi visant à renforcer la stabilité économique et la compétitivité du secteur, notamment en encadrant les relations commerciales entre producteurs, industriels et distributeurs. Toutefois, il exprime de nombreuses réserves sur l’efficacité et la solidité du dispositif proposé, en particulier du mécanisme du SRP +10.

Il rappelle que 18 % des ménages agricoles vivent sous le seuil de pauvreté, alors même que les prix agricoles ont chuté de 60 % depuis 1960, sans que les consommateurs en voient les bénéfices. Si l’intention de mieux répartir la valeur au profit des producteurs est partagée, les résultats concrets manquent : aucune preuve solide ne démontre l’augmentation des revenus agricoles liée au SRP +10.

Trois alertes majeures sont formulées : premièrement, la nécessité de ne pas fragiliser les PME et ETI du secteur face aux grandes centrales d’achat ; deuxièmement, la prise en compte de l’impact sur le consommateur, souvent aussi salarié ou producteur ; troisièmement, le risque que ce dispositif augmente les prix à la consommation sans améliorer la rémunération agricole.

Le député regrette l’absence d’une véritable évaluation d’impact, préalable pourtant indispensable à une réforme structurelle. Il cite des rapports montrant des effets inflationnistes inégaux selon les produits, et un manque de données sur la création de valeur réelle ou sur la revalorisation effective du revenu des agriculteurs.

Il rappelle que le prix agricole dépend avant tout des cours mondiaux, de l’évolution des coûts de production et des rapports de force dans la négociation commerciale. Or, ces éléments sont peu pris en compte dans le texte. Le député insiste sur trois priorités à renforcer : une concertation plus poussée avec les acteurs du secteur, une évaluation économique rigoureuse du dispositif, et un rééquilibrage réel du pouvoir de négociation dans la chaîne alimentaire.

Pour lui, cela passe par la modernisation des exploitations et une meilleure organisation collective des producteurs. Il conclut en indiquant que l’abstention du groupe ne constitue pas un rejet du texte, mais un appel à plus de rigueur, de dialogue et d’ajustement, afin que cette réforme puisse véritablement répondre aux besoins du secteur agricole et devenir un moteur de croissance fondé sur des données concrètes plutôt qu’une intuition politique.

 

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